Mon premier grand voyage, c’est au Vietnam que je l’avais fait.
Là-bas, je m’étais lié à un poète dissident. Plusieurs fois, j’ai tenté d’écrire son histoire. Sans y parvenir.
La maladie est aussi un voyage, répète-t-on.
Il est illusoire de croire que dans une chambre on se souvient de sa vie, et je doute qu’au moment de mourir on se remémore tout en accéléré.
Il y a des souvenirs qui n’ont pas la force de nous accompagner jusqu’au bout, on ne peut prendre que très peu de bagages avec soi. Et à partir d’un certain point, qui n’est pas encore la mort, plus aucun. Ce point-là, d’autres en ont parlé. Je me sens proche d’eux désormais. Mes frères, oui, mes frères. Comme ce vieux poète.
Il y a aussi des souvenirs qui indiquent ce qu’on doit faire.
Dans mon île, c’est la promesse à ce vieil homme qui me taraude surtout. Culpabilité ou désir d’être en paix : si je dois mourir bientôt, me dis-je, qu’au moins j’aie pu accomplir cela…