Dans une langue organique, qui râpe autant qu’elle berce, Camille Paix sème ses poèmes comme on disposerait devant soi les morceaux d’un puzzle.
À mesure qu’on chemine avec elle, on découvre sous les pierres des motifs qui se répètent : corps abîmés, animaux blessés, couronnes de perles. Comment faire exister ce qui a disparu, ce qu’on ne peut plus voir, toucher, ou photographier ? En ouvrant grand les placards de la mémoire, celle de sa famille mais aussi de quelques autres, Camille Paix laisse entrer les fantômes et sourdre sa colère. Puis, en s’entourant des mortes qui lui sont chères, de Maria Borrély à Joyce Mansour, elle recoud poème après poème ce corps qu’elle a d’abord entrepris de disséquer. La poétesse donne ainsi voix aux émotions enfouies et parle à nos sens – évoquant tour à tour l’odeur du bois mouillé comme le goût de la peau – pour entrer en littérature avec un premier recueil d’une grande sensibilité.