Stéphanie Garzanti propose soixante-et-un poèmes écrits faux comme on chante faux au karaoké, en se moquant bien de la justesse mais avec entrain, en y mettant tout son cœur.
Les alexandrins n’ont d’alexandrins que le nombre de pieds mais ignorent la césure à l’hémistiche, pas vraiment de quatrains réglementaires, ni de sonnets organisés mais des vers libres… ou qui essaient de l’être.
Le recueil regroupe des énonciations, des déclarations, des couleurs en prisme qui rayonnent, toutes sortes d’espèces familières, des animaux domestiques et des plantes ordinaires. Il cherche l’unisson sans être sûr de toujours bien y parvenir. Stéphanie Garzanti réinvente ainsi, en le dépassant, le binarisme nature/culture. Le tout dans une langue drôle, décalée, enjouée et plastique que l’autrice/artiste manie avec une forme de virtuosité et de gourmandise.
Explorant les cinq sens – plus un sixième en bonus –, c’est un livre de la solitude, celle qui vous fait apprivoiser les araignées et parler aux fleurs, un livre du quotidien, de l’observation du réel le plus proche, et de l’amour, celui qui vous donne l’élan d’oser la poésie, d’y trouver une compagne. Une tentative pour dire, écrire et proclamer, rendre son rythme aux désirs. Car Poèmes karaoké est aussi et peut-être surtout un recueil d’amour fou et sensuel, sur l’attente et la distance qui séparent les amantes.