« De nos premiers mois, je garde le souvenir d’une parenthèse très douce. De la nuit qu’on écoute. D’une certitude calme. Est-ce ce qui révèle le trait d’union entre la silhouette imaginaire qui trace des signes énigmatiques et celui dont je caresse les joues et effleure les paupières ? Tu viens de loin, je le vois, je le sais – de ces mondes qui sont pour moi des légendes. Tu viens d’avant nous : des tombes ressuscitées, de ce qui ne se perd jamais au fond de la mort. Tu ouvres grand tes yeux sombres, tu ne souris pas, tu veilles. Je ne sais qui, ni quoi. Vite je comprendrai que ce n’est personne. »
Le jour de leur mariage à la mairie, aucune famille n’est présente. L’une est loin, l’autre refuse cette union. Le narrateur regarde son compagnon pleurer. Tout en bloc refait surface, de nombreuses années à se taire, à subir, à ravaler les non-dits. Remontant le fil de sa propre histoire, la tissant à celle du judaïsme de son époux, il nous entraîne dans les paradoxes du désir et vers la paix qui affleure lorsqu’il trouve son port d’attache. Mais aussi dans une quête spirituelle : comment ne plus croire en Dieu sans perdre cet infini qu’on croit sentir en soi ?