Une magnifique méditation sur le pouvoir de la lecture.
En juin 1905, âgé de 23 ans, Stefan Zweig quitte Paris pour Alger au départ de Gênes, via Naples et Tunis.
Vingt-six ans plus tard, il se rappelle un épisode qui lui fit prendre conscience, n’ayant encore publié que quelques nouvelles et traductions, de « la puissance du livre qui ouvre de vastes horizons à notre âme et organise notre vie personnelle ». C’est cette « révélation spirituelle » qu’il rapporte dans Éloge du livre, paru dans un journal hongrois de langue allemande en 1931.
Sur le paquebot italien qui traverse la Méditerranée, Zweig sympathise avec un jeune garçon de cabine, Giovanni, à peine plus âgé que lui. À l’escale à Naples, Giovanni lui demande de lui lire une lettre reçue de sa fiancée. Stupeur de Zweig, qui comprend brusquement que son camarade est analphabète. Et qui mesure soudain dans quel isolement, « emmuré en lui-même », vit celui qui n’a jamais lu un livre, « pauvre eunuque de l’esprit ».
Cette magnifique méditation sur les pouvoirs de la lecture, cette « force indestructible », est l’un des plus beaux textes de Zweig – et l’un des plus méconnus. Il est suivi dans cette édition d’une dizaine d’autres textes sur la littérature et sur les écrivains, dont quelques inédits en volume : sa préface au Dernier Homme d’Andreas Latzko (1920), des portraits de Franz Hellens (1923) ou de Sigmund Freud (1926 et 1936), un éloge de Bernard Grasset écrivain (1930), une préface à La Chaise électrique, roman de Chalom Asch (1931)…
