C’est jouissif, percutant, drôle, et ça a un charme unique, comme un super roman d’aventure dont on ne voudrait jamais qu’il s’arrête, ce qui tombe bien, puisqu’il s’agit du premier tome d’une trilogie.
Dans la ville imaginaire de Myriad Pro, non loin de Miami, un serial killer sévit. Plusieurs collégiens sont retrouvés étranglés, une couronne tatouée sur le corps. L’inspecteur Rivage mène l’enquête, épaulé par son assistant, Copperfield, et son éternel carnet de notes.
Parallèlement, sur un forum informatique, des adolescents traquent des indices liés aux meurtres. Un homme de main de la mafia a égaré un cadavre, la NASA envoie un chien sur Mars, qui revient beaucoup trop tôt, une société secrète cherche à réveiller une force maléfique enfouie dans les profondeurs de la ville. S’emparant avec brio des marqueurs de toute une génération – de la vie pavillonnaire aux mangas – Quentin Leclerc ramasse tout notre présent dans un roman drôle, délirant et incroyablement maitrisé.
Rivage au rapport c’est aussi une histoire contaminée par notre contemporain, au sens où tous les archétypes culturels qui nous entourent et les codes des différents médias s’entremêlent pour résonner ensemble et former quelque chose de nouveau. Quentin Leclerc s’empare de cette matière (les speedrun de Jeux vidéos, les discussions sur les forums – rendus avec une incroyable justesse –, les réseaux de pédocriminalité du dark web, le street golf, etc. etc.), et parvient à écrire à hauteur de son objet, c’est-à-dire à se saisir d’une écriture, qui réussit à la fois à nous sembler extrêmement familière et à être inédite.