Jeune magistrat sorti d’école, Patrice Favre est nommé juge d’instruction en banlieue parisienne. Son prédécesseur s’étant donné la mort, il hérite d’un cas criminel irrésolu. Reprenant l’instruction, il devra mettre à l’épreuve ses convictions, son métier, sa famille, son milieu, jusqu’à l’histoire de son pays.
Jeune magistrat sorti d’école, Patrice Favre est nommé temporairement juge d’instruction en banlieue parisienne – une banlieue lointaine fictive, mi-réelle mi-fantomatique. On observe les débuts de Favre, ses premières audiences au Palais de justice, ses trajets somnolents en train, à pied ou en voiture à travers la banlieue, ses investigations dans le cas criminel dont il a hérité, celui du meurtre d’un détenu emprisonné pour crime sexuel. Son prédécesseur – Herzog, un magistrat décati, énigmatique, en tout cas plus expérimenté – s’y est épuisé avant de se donner la mort.
Au fil du livre, au fil de son enquête, où il progresse pour l’essentiel en reprenant l’instruction qu’a menée Herzog avant lui – c’est-à-dire à travers la consultation d’un monceau labyrinthique de papier, de rapports, de types variés de documents, d’énoncés instables consignés –, Favre est renvoyé à ses dilemmes, à ses choix de vie, à sa propre histoire familiale et au récit national trouble, à toute la comédie sociale qu’il faut jouer pour tenir le rang dans son milieu et son métier.
Roman empruntant parfois au documentaire, L’instruction questionne avec inquiétude la société française contemporaine à travers le prisme technocratique, judiciaire, carcéral et policier. C’est une manière d’anti-polar, où l’enquête consiste surtout dans la recherche existentielle, voire métaphysique, d’une solution au malaise croissant de l’enquêteur.