Un monde plus sale que moi est le roman des jeunes filles de #MeToo, celles qui avaient 17 ans en 2017, qui ont lu les histoires des porcs en se disant « ça ne me concerne pas », celles que la quatrième vague féministe est censée avoir sauvées, celles dont on se dit qu’elles sont nées suffisamment tard, dans un monde suffisamment progressiste pour que rien ne puisse leur arriver, celles qui ne sont en réalité pas plus protégées que leurs aînées de la violence des hommes.
C’est l’histoire de toutes les filles dont on ne parle pas, parce que ce qui leur arrive n’est pas perçu comme assez grave pour mériter des hashtags, parce que #MeToo a déjà eu lieu. L’histoire du moment où elles ont compris que les porcs n’avaient jamais disparu, et qu’elles étaient devenues leurs proies.
C’est l’histoire d’Elsa, qui se croit née pour l’amour, n’attend que ça, ne veut que ça, au point de tomber dans les bras du premier venu, et d’avaler couleuvre sur couleuvre, parce que c’est ça l’amour, ça malmène un peu aussi, et si ça ne se passe pas toujours comme elle l’avait rêvé, c’est sûrement parce qu’elle en attendait trop. De toute façon, c’est bien connu, les filles, ça a mal tout le temps.
C’est le roman d’une époque – la nôtre – qui pose des mots brûlants sur la réalité, avec un pragmatisme à glacer le sang et un cynisme tranchant.