
Qu’est-ce qui, dans la France de l’après-guerre, a pu conduire une femme à disparaître en abandonnant enfants et mari ? C’est l’enquête intime que mène la narratrice de ce premier roman au charme persistant.
Années 1940. Pour échapper au travail agricole, Marguerite épouse le premier homme rencontré au bal de son village dans les Deux-Sèvres. Son quotidien est rythmé par les tâches domestiques, qui lui deviennent de plus en plus pesantes à mesure que grandit son envie d’ailleurs. Un jour, alors qu’elle est déjà mère de trois enfants, Marguerite quitte sans un mot le carcan du domicile familial et disparaît définitivement.
Des années plus tard, sa fille – la narratrice – mène l’enquête pour comprendre les raisons et les circonstances de cet événement qui a marqué sa vie. De la vérité, elle n’a que les bribes qu’on a bien voulu lui confier. Le reste, elle l’invente, brodant des versions du départ de sa mère (tantôt pour Barcelone, tantôt pour La Rochelle...) comme celle-ci brodait son trousseau. Certes, il y a eu un autre homme, veuf, plus aisé que son père, que sa mère a rejoint sur la côte. Mais est-ce bien seulement cela, son histoire ? Et comment vivre libre après avoir tout abandonné ?
À partir d’indices littéraires et sociologiques – de Virginia Woolf à Emil Ferris –, de journaux intimes et de ses propres souvenirs, la narratrice se plonge dans la condition féminine de l’après-guerre. Au fur et à mesure, émerge une figure de femme et de mère à l’identité complexe, et aux facettes tour à tour sombres et lumineuses. Une femme dont les rêves plus vastes que l’horizon fini de son milieu social permettront à sa fille de trouver sa propre voie.