Endosser le costume de Capitaine Vertu suffit-il pour échapper à son passé ?
Après plus de dix années de service acharné, Laure Vertu, capitaine de police exemplaire et enquêtrice hors pair, démissionne brutalement et sans aucune raison apparente, de son poste au sein de la brigade anti-fraude. Cette démission constitue le premier geste d’une série de refus, que la capitaine Vertu, sorte de Bartleby au féminin, choisit d’opposer au monde tel qu’il est, à ses violences, ses dénis, ses faux espoirs, ses injonctions.
Dans ce roman, Lucie Taïeb poursuit son exploration, déjà entreprise dans Safe (Ogre 2016) et Les échappées (Ogre 2019, Prix Wepler 2019), de la manière dont, femme, fils et fille d’immigré ou plus généralement citoyens, nous pouvons échapper à l’aliénation, toujours inextricablement intime et politique.
Avec Capitaine Vertu, elle s’empare du genre de l’enquête, et dans une grande économie de moyen, déroule une quête haletante d’un destin, du rôle que nous pouvons jouer dans une société ou toute idée de justice semble avoir disparu. Comme toujours chez Lucie Taïeb, le résultat est d’une grande justesse. Avec un soupçon d’ironie, elle mène son héroïne à sa perte, dans un élan à la fois tendre et cruel, drôle souvent.
Capitaine Vertu est un livre politique, qui nous place devant cette question très actuelle : Comment supporter la violence du monde, et notre terrible impuissance, quand les seules options qui restent sont : enquêter/rendre compte (mais non justice), rêver, disparaître.