Et si une simple image suffisait à semer la terreur dans les consciences ? Avec ce premier roman noir, à la puissance hypnotique, Nicolas Geibel, sidère par l’originalité de son univers.
La première photographie apparaît un matin, sur le trottoir de la rue Faidherbe, à Paris. À peine deux collégiens ont-ils posé les yeux dessus qu’ils poussent un hurlement et sombrent dans la prostration. Attirés par les cris, des passants sont eux aussi pris de folie à la vue de cette image insoutenable. Une deuxième photo arrive par la poste dans les bureaux d’une agence Pôle-Emploi. La secrétaire qui a ouvert l’enveloppe est dévastée par cette vision innommable. Une peur incontrôlable se répand rapidement dans la population. Pour le compte de leur ministre de tutelle, et au sein de leur unité spéciale, Julien et Pierre, mènent l’enquête selon de méthodes bien rodées. Mais ce à quoi ils ont affaire dépasse bien largement le cadre habituel des attentats qui ont jusqu’ici endeuillé la France.
D’ailleurs, peut-on qualifier cette terreur contagieuse d’« attaque » à proprement dit ?
Cité emprunte au roman noir son atmosphère sombre et désespérée, et son constat sociétal implacable. Nicolas Geibel y décortique les effets rebonds du terrorisme sur la psyché, en exhibant la désintégration du lien social dont il se nourrit, et la déshumanisation progressive qu’il suscite. À la lisière du nouveau roman, Cité déploie de façon chirurgicale son intrigue en occultant tout sentiment ou état d’âme de ses personnages. Ici la violence des images agit comme un trou noir à la force d’attraction irrésistible. Une entrée brillante en littérature qui nous livre une réflexion sans concession sur la nature de la violence, à la fois inintelligible, fascinante, endémique, et capable de détruire tout projet de vie en commun.