Pour ce troisième texte de la collection « Récits d’objets » en coédition avec le musée des Confluences, Céline Curiol a porté son dévolu sur une machine à chiffrer, du même modèle que celle que les nazis utilisaient pour crypter leurs communications pendant la Seconde Guerre mondiale et dont le mathématicien anglais Alan Turing est parvenu à décoder le fonctionnement, contribuant ainsi en partie à la victoire des Alliés.
Imaginant une jeune femme qui, à la place de la machine à écrire vintage qu’elle a un jour commandée, se voit livrer une machine à chiffrer dont elle ignore le fonctionnement avant d’être contactée par de hautes instances internationales désireuses de lui confier une mission confidentielle, Céline Curiol bâtit une astucieuse méditation sur la place du secret dans une société contemporaine incitant toujours davantage au dévoilement permanent. Entre roman noir et réflexion sensible sur le rôle du musée et de la création comme stimulants intellectuels, elle lance un appel poétique et vital pour la création d’archives mondiales des secrets, comme un acte de résistance décalé pour un ralentissement des existences.