
« Deux gardes espagnols s’approchaient de moi. Je savais qu’ils allaient me conduire en prison mais cela m’était égal : j’étais libre. »
Prisonnier dans le camp de Biberbrach, où lui et ses camarades ont été conduits au terme d’un voyage de douze jours dans un wagon à vaches, le narrateur de Départ dans la nuit a plusieurs fois tenté de s’évader. Et s’il finit, à la faveur d’un transfert, par mettre son plan à exécution en entraînant des compagnons réticents, assassinant au passage deux sentinelles allemandes, il y gagne moins de liberté qu’un surcroît d’angoisse et de solitude…
Écrit à Alger en 1943 et dédié au général de Gaulle, ce roman d’évasion se poursuit avec Non-lieu, achevé l’année suivante. Le narrateur, ayant fini par rejoindre la France occupée, erre désormais sans espoir dans un pays avachi par la débâcle, parmi ses proches et ses compatriotes indifférents. Son fantasme d’héroïsme se mue en course à l’abîme…
Publiés par l’entremise de Marcel Aymé et d’Albert Camus, ces deux œuvres forment un diptyque qui constitue le testament d’Emmanuel Bove (1898-1945), « saint patron des écrivains purs » selon Peter Handke.