À partir de l’histoire réelle d’un inventeur néo-zélandais célèbre et de son fils, grand collectionneur d’objets d’art et de documents se rapportant à l’histoire du Pacifique Sud, Pierre Furlan crée une fiction où se joue une extraordinaire histoire familiale.
D’un côté le père, parti d’Angleterre à dix-sept ans, autodidacte doué pour tout, y compris pour le sport et les arts, qui fera fortune très jeune en inventant l’épingle à cheveux ondulée à l’époque où ces épingles étaient lisses. Son fils, Will Bodmin, écrasé par un tel héritage, ne pourra s’affirmer que contre l’inventeur. Il échouera à peu près partout où son père voudra le diriger. Fuyant la Nouvelle-Zélande pour retourner en Angleterre où il donnera l’impression de vivre presque marginalement. Alors même qu’il ne paraît pas très équilibré, il prétendra soigner les autres et deviendra art-thérapeute et psychanalyste jungien. Et ce combat bizarre, oblique, qui l’oblige à prendre des postures invraisemblables souvent cocasses, l’amènera pourtant à réaliser une oeuvre tout à fait exceptionnelle, une collection qui fera date dans l’histoire de son pays. Ainsi, dans cette opposition entre générations, ce sont peut-être les valeurs conquérantes et colonialistes du père qui finissent par apparaître sous un jour moins glorieux. Nous suivons là des vies exemplaires et saisissantes où nous voyons le Parlement anglais voter une retraite à la chèvre du Capitaine Cook, un photographe traquer des fantômes, une nonne rejetée de son couvent parce qu’elle mange trop, la chasse à un pamphlet rarissime du XIXe siècle qui doit consacrer la gloire du collectionneur, sans omettre quelques aventures amoureuses grinçantes et drôles – le tout avec le brin d’ironie discrète qui va si bien à ce genre de récit.