Tove Jansson embrasse la douce folie des itinéraires impromptus.
Cette œuvre de sagesse, jamais encore publiée intégralement en français, fait vibrer tous ses protagonistes d’une émouvante humanité. Un homme qui a trop écouté ses semblables décide de les fuir en prenant la mer, un petit garçon moraliste met à l’épreuve sa famille d’accueil sur une île finlandaise, dans une serre deux vieillards se disputent un banc des semaines durant, en Espagne deux ex-patriées s’affrontent au couteau en plein défilé de carnaval, ou encore une vieille fille emprunte les souvenirs d’une autre. Au sommet de son art littéraire, Tove Jansson parvient, dans Voyages sans bagages, avec une aisance merveilleuse et un sourire en coin, à dire tout simplement les peurs, les gênes et les joies de chacun de ses personnages.
« L’Oncle se leva, il marcha droit vers le bassin et entra dedans, il pataugea et balaya les feuilles et les nénuphars sans la moindre considération et se retourna pour crier :
— Josephson ! Tu vois ce que je fais !
— Bien, répondit Josephson qui posa son livre. Continue comme ça. C’est très stimulant. »