Avec ce premier roman kaléidoscopique à deux voix, Moetai Brotherson s’inscrit dans la lignée des écrivains autochtones engagés tels que Chantal T. Spitz et Titaua Peu.
Il n’avait rien demandé de tout ça. Les signes, les oiseaux, et cette femme qui le suit depuis sa naissance. Il n’avait rien exigé de la société que la possibilité de vivre en paix, lui, l’enfant muet. Il n’espérait rien d’autre des hommes que leur confiance et leur amitié, lui qui se débat dans cette camisole. Et ce prénom, Moanam, qui ne veut rien dire… Moana, c’est l’océan, alors pourquoi ce « m » de trop, comme une mauvaise fin annoncée à l’histoire de sa vie ? L’Autre n’avait pas prévu que la rencontre de ce gamin l’éloignerait autant de lui-même, ou de l’idée qu’il pouvait en avoir. Il aurait dû pouvoir maîtriser la folie qui emplit tout l’espace, tel un fluide. Mais il n’est pas fou ! Non, il ne peut pas être fou. Pas lui…
Alors comment expliquer ? Accepter la vérité, c’est prendre le risque d’inviter la folie. Faites attention. Car cet « Autre », cela pourrait être vous…