Par l’autrice de La dévoration des fées, ce long poème dit le désir, la rencontre de l’autre et la perte de soi dans un amour vorace, charnel, où l’on jouit « pire qu’une bête en punition dans le parlé ».
Corps étranger, de Catherine Lalonde, est paru à l’origine en 2008 aux éditions Québec Amérique et a remporté le prix Émile-Nelligan. Deuxième œuvre de Lalonde que réédite Le Quartanier, après Cassandre en 2019, ce long poème confronte désir et sauvagerie, lyrisme et prosaïsme, s’adressant à ce qui excède, à l’autre, à ce qui fait mal, la parole s’incarnant au cœur de la rencontre sexuelle. Impossible de ne pas mesurer, plus de dix ans après sa parution, toute la puissance de cette langue mâtinée, inventive et riche d’une tradition poétique québécoise que l’autrice reprend à son compte, et à travers laquelle elle se donne sa langue propre, c’est-à-dire sale, poétique, vulgaire, sublime. La langue de la mauvaise fille mauvaise héritière, dont le corps, la douleur, la jouissance, la mémoire et tant de noms de femme ont un impérieux besoin – pas moins aujourd’hui qu’hier.