Bec-de-lièvre est un jeu pour agacer la fin tambour battant. Affûtés au cristal, les mots entaillent, aveuglent et font voir. L’enfant tape de la langue et du pied, elle suit la marche des animaux en lisière du monde.
Le temps presse, il faut tout risquer, la mort ne vient pas. La lèvre déchirée cherche le reste du corps dans l’habit des animaux. S’il n’y a personne, il y a beaucoup de choses, à déterrer, à casser, à perdre. C’est un jeu pour agacer la fin. La langue fuit la bouche, gagne du terrain, fouille les buissons. Un filet de bave éteint un feu dans les herbes sèches. Soudain la peur, puis la tornade où lâcher des bonbons. La voix embue un petit miroir. Premier sourire. C’est le livre des lumières vivantes, de la terre et du ciel sans nuit, du visage brisé par le chant. De l’enfant à la vieille bête, celle qui aura tout avalé voudra tout revoir, pour une dernière marche en forêt. Le temps presse, il faut tout risquer, le cœur enterré allumé.