Je fais cette expérience, le nez collé contre le grillage du parc pour regarder le jardin de Madame Oda ; ce que j’ai sous les yeux est une véritable forêt, ses multiples espèces de plantes, de fleurs et d’arbustes, ses sous-bois, ses halliers, taillis, bosquets de hautes herbes, buissons, son sentier sous les arbres, ses pierres et rochers contre les troncs, enlacés aux racines, couverts de cette sorte de mousse d’un vert si foncé qu’il devient presque noir, marque de noblesse et de grande ancienneté ; le jardin n’a plus de clôture. Le narrateur, Français exilé au Japon, observe un jardin, celui de Madame Oda, qu’elle ouvre volontiers à ceux qui s’y intéressent et à ses amis artistes. Elle-même est entièrement tournée vers ce jardin quelle façonne un peu comme on élève un enfant, en lui donnant les impulsions nécessaires pour grandir, puis en lui faisant confiance.
Tout est retenue et plaisir dans ce texte où l’on glisse (car il semble que l’écriture nous guide en douceur) dans l’atmosphère de ce jardin japonais et de ses occupants, où « sous des aspects parfois anecdotiques, parmi les plaisanteries et les rires, nous parlions de choses essentielles. »