Chloé Delaume n’est pas un personnage de fiction ordinaire. Elle est pire. Refusant de finir ses jours dans un livre à l’instar de ses congénères, elle a erré longuement dans les limbes de la Somnambulie. De là, elle a guetté le “médiateur” dans lequel s’incarner : un corps vivant, qui péchait par vacuité. Une fois les lieux investis, nul ne pourra l’en déloger, sauf le corps lui-même, s’il peut trouver assez de force ou de subterfuges pour lutter. Les personnages de fiction sont des tumeurs beaucoup plus malignes qu’on ne le croit, qui savent assiéger chaque organe avec méthode. Pour que le corps puisse avoir le dernier mot, il lui faudra préserver sa langue propre, en dépit du pillage perpétré. À travers les voix alternées du “ténia narratif” et du corps “piraté”, La Vanité des Somnambules met en scène la conquête d’un territoire identitaire, les assauts successifs d’un cancer-nénuphar face à un corps coupable d’avoir trop usé du mensonge. Un combat polyphonique aux frontières de l’autofiction.