De Marseille à Alger, Marie Cosnay nous emmène sur les traces de Mohamed Bellahouel, un homme sans histoire, dont la destinée trouble dessine les contours d’un exil et d’une Algérie mythifiés.
En construisant une enquête fictionnelle et historique, Marie Cosnay poursuit l’élaboration d’une écriture documentaire unique, marquée par la poésie. Elle interroge notre rapport intime et politique à l’Algérie et propose de « mettre en corps » l’Histoire. Tout en soulignant l’impossibilité d’un grand récit ou d’une épopée, elle confronte le lecteur à la complexité et l’ambiguïté de sa place dans l’Histoire.
L’enquête, que ce soit dans ses écrits romanesques ou ses écrits militants, est au cœur de l’œuvre littéraire de Marie Cosnay. L’enquête, c’est-à-dire cette absence de ligne droite, ces errements, et, surtout, cette tentative toujours vouée à l’échec de rendre compte de la complexité du réel, est ce qui permet à Marie Cosnay de refuser la simplification, de rendre aux corps leur centralité dans la narration, y compris historique.
Cette entreprise de redensification du réel, qui passe avant tout par la poésie, ou du moins par une certaine torsion de la langue, nous arme politiquement, au sens où il nous immunise contre les histoires simplificatrices, contre les valeurs qui essayent de se faire passer pour des faits.