Chloé Delaume

Les Mouflettes d’Atropos

1 octobre 2003
Roman
224 pages
100 × 170 mm
9782070426171
978-2-0704-2617-1
																Chloé Delaume, Les Mouflettes d’Atropos
																Chloé Delaume, Les Mouflettes d’Atropos

« Voyez-vous, avant, j’étais prostituée. Depuis, j’ai passé mon Capes. Histoire d’avoir une protection sociale. J’ai eu l’enfance des orphelines. On ne peut pas dire que ce soit gai. Le bonheur non plus, remarquez. Ça dépend d’où vient le plaisir. Mais tout ça reste relatif. Moi j’en aurais des choses à dire sur l’innocence écrabouillée le manque d’amour vrillant l’ulcère l’éternel retour suicidaire la crainte irrationnelle des hommes et l’influence du CAC 40 sur le prix du kilo de navets. Mais je me tais. MOI. Voyez-vous. Je m’astreins au silence. Et c’est très compliqué. Ma logorrhée sismique je la rumine avec l’application d’une charolaise traînant sabots aux portes des vieux abattoirs. Parce qu’il faut être patiente. Et quand sonnera le glas je serai attablée. On ne vous a pas appris la ruse. Guêpières talons aiguilles sécateur enroulé d’un mouchoir de soie caché au fond du sac Kelly. À chacun son Hermès. Trismégiste ou Saint-Honoré. Ça dépend des faubourgs. »

L’autrice

Chloé Delaume est née en 1973. Elle pratique l’écriture sous de multiples formes et supports depuis la fin des années 90. Près d’une trentaine de livres comme autant d’expériences : romans, fragments poétiques, théâtre ; essais, autofictions. Elle affectionne les objets hybrides et le mélange des genres : roman illustré par un jeu vidéo (Corpus Simsi), détournement d’un jeu de société (Certainement pas), fan fiction dont vous êtes le héros (La nuit je suis Buffy Summers). Mais aussi journal de bord d’une performance à domicile (J’habite dans la télévision), dystopie (Les sorcières de la République). Si son premier roman, Les mouflettes d’Atropos, était teinté de féminisme radical, elle s’est penchée plus tard sur la question de la sororité en publiant Mes bien chères sœurs et l’ouvrage collectif Sororité.
Lauréate du Prix Décembre 2001 pour Le cri du sablier, elle a été pensionnaire à la Villa Médicis en 2010-2011 et a obtenu le Prix Médicis 2020 avec Le cœur synthétique. Elle collabore régulièrement avec des artistes, dans le cadre de lectures musicales ou de performances.

1 octobre 2003
Roman
224 pages
100 × 170 mm
9782070426171
978-2-0704-2617-1