Si homo sapiens a depuis bien longtemps pris certaines distances avec le monde animal, il tend parfois à oublier qu’humains et non-humains appartiennent à un seul et même grand ensemble : le vivant. Diverses entreprises, depuis la domestication jusqu’à l’observation en passant par la taxidermie ou l’art, se sont efforcées de créer du lien entre ces espèces, sans jamais totalement faire disparaître une forme de hiérarchie.
Mettant en parallèle le sort d’un colvert naturalisé et celui de canetons abandonnés dans un environnement urbain hostile, Fanny Chiarello s’efforce de parler, non pas à leur place, mais pour les animaux. Elle rappelle que l’espèce humaine n’est qu’une parmi d’autres, bien qu’elle jouisse du rare privilège d’être celles « qu’on n’empaille pas ». Appelant de ses vœux une véritable coexistence, qui ne se limite pas à un voisinage indifférent, voire agressif et intrusif, elle questionne notre rapport à la conservation et à l’éternité.
Elle éprouve la justesse d’un langage qui conditionne infailliblement nos pensées et nos actions, à l’image des notions de sensibilité et d’humanité, qui semblent implicitement induire une forme de supériorité de l’humain.